Le premier V2 "de guerre" explosa le 8 septembre 1944 sur Chiswick, dans la banlieue Ouest de Londres. Cette explosion posa tout d'abord un problème : les radars n'avaient détecté aucun avion et l'on n'avait pas entendu le bruit caractéristique du V1. Il fallut un examen soigneux des débris pour comprendre qu'il s'agissait du missile dont des fragments avaient été rapportés de Suède.

( Celui de Pologne n'avait pas encore été ramené).

La crise économique des années 1930 poussa Nebel, Riedel et von Braun à contacter l'armée allemande pour obtenir un financement. Ils firent la démonstration de l'un de leurs Repulsor devant des experts de l'artillerie. Ceux-ci se montrèrent intéressés mais réservés, en attendant un plus grand nombre de mesures sur les poussées et d'autres aspects du vol. L'armée allemande constata cependant que les fusées échappaient à la réglementation sur les armes du traité de Versailles – qui interdisait aux Allemands de construire des avions – et, en 1933, lorsque Adolf Hitler accéda au pouvoir, une section spéciale du département militaire des armements fut créée, avec à sa tête le capitaine (plus tard général) Walter Dornberger. Le jeune von Braun fut pressenti pour prendre en charge le développement des fusées. Son travail commença sur une série de fusées expérimentales à propergols liquides. En quelques années, plusieurs fusées sont lancées en secret par la petite équipe de von Braun depuis l'île de Borkum, en mer du Nord, près d'Emden. En décembre 1934, deux fusées A-2, appelées Max et Moritz, s'élèvent à une altitude de l'ordre de 2 500 m.

Les V2

En avril 1937, une importante base de recherches sur les fusées est aménagée près du village de Peenemünde, sur la côte de la mer Baltique. Les travaux de von Braun, rejoint par Klaus Riedel, Kurt Heinisch et Helmut Zoike, des pionniers de la VfR maintenant dissoute, aboutissent à la fusée A-4, qui est donc développée comme arme pour l'artillerie. Le V2 est directement dérivé de cette fusée expérimentale; il sera utilisé en 1944-1945 pour bombarder Londres, Anvers, et d'autres cibles. Après la guerre, le V2 sera employé comme fusée-sonde pour les recherches sur la haute atmosphère; des fusées-sondes américaines, telles que Viking et Aerobee, sont des «héritières» de ce missile.

Les missiles militaires

À la fin de la guerre, le démantèlement de l'arsenal allemand profite directement aux deux grandes puissances, désireuses d'acquérir des armes toujours plus meurtrières dans une période de tension croissante. En moins d'une décennie, des missiles qui au mieux pouvaient porter des explosifs chimiques à quelques centaines de kilomètres furent remplacés par des missiles balistiques multiétages capables d'envoyer des ogives thermonucléaires vers un autre continent. Cela entraîna comme contrepartie la prolifération des missiles antibalistiques et concentra l'attention sur l'intérêt des missiles tactiques à courte portée.

L'ère des fusées spatiales

Un missile intercontinental atteint, en fin de combustion des moteurs-fusées de son dernier étage (en général le second), une vitesse de l'ordre de 25 000 km/h. Aussi, la plupart des fusées dérivent directement de missiles balistiques auxquels ont été ajoutés des étages supplémentaires afin d'atteindre la vitesse de libération (28 000 km/h), ou la vitesse minimale nécessaire pour placer des charges utiles sur orbite terrestre ou pour lancer des sondes lunaires ou planétaires. Les premiers Spoutnik, comme les véhicules habités soviétiques, furent lancés par des fusées (Vostok, Molniya, Soïouz [ou Soyouz]) adaptées d'un missile à longue portée, le R-7, et du missile intercontinental SS-9. De même, la puissante fusée soviétique Proton, en service depuis 1965, doit beaucoup à la technologie militaire. Aux États-Unis, la fusée Juno 1, qui lança Explorer 1, dérivait de la fusée militaire Jupiter C, qui elle-même succédait au missile Redstone.

Wernher von Braun (ou Werner von Braun, suivant les sources), né le 23 mars 1912 à Wirsitz, Prusse orientale (aujourd'hui Wyrzysk en Pologne), décédé le 16 juin 1977 à Alexandria, Virginie aux États-Unis), est un ingénieur allemand, inventeur de la fusée V2, premier missile utilisé au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il est le père de la fusée Saturn V avec laquelle les américains se sont posés la Lune.

Parcours

• Études aux instituts technologiques de Zurich et de Berlin, tout en consacrant ses loisirs, à partir de 1930, à construire et expérimenter de petites fusées au sein d'une équipe réunie par Hermann Oberth (Verein für Raumschiftfahrt).
• Responsable à partir de 1932 de la station de Kummersdorf-West où il entreprend une série d'expériences sur les moteurs-fusées pour le compte de l'armée allemande.
• En 1934, auteur d'une thèse de doctorat sur la propulsion des fusées.
• En 1937, est nommé directeur du centre d'essais de Peenemünde et assure la mise au point de la V2, dont 4000 exemplaires seront lancés principalement sur l'Angleterre et les Pays-Bas en 1944 et 1945.
• Extradé aux États-Unis suite à l'opération Paperclip, en 1945, est nommé chef des projets des missiles guidés de l'armée à Fort-Bliss (Texas).
• En 1950, nommé directeur technique de l'arsenal Redstone à Huntsville (Alabama) pour la mise au point de missiles guidés. Il est à l'origine du missile Redstone, premier missile balistique guidé de l'armée américaine, et qui servira en 1961 au lancement des premiers astronautes américains.
• Naturalisé Américain en 1955.
• Directeur des recherches de l'Agence pour les missiles balistiques de l'armée américaine en 1956.
• Assure la mise au point des missiles Pershing et Jupiter, prend une part décisive au lancement du premier satellite artificiel lancé par les États-Unis (Explorer 1) en 1958.
• Entre à la NASA en 1960 et devient directeur du Centre spatial de vol Marshall de 1960 à 1970.
• Devient administrateur adjoint de la NASA en 1970, et responsable des programmes jusqu'en 1970. Dirige les programmes de vols habités Mercury, Gemini et Apollo.
• Quitte la NASA en 1972 et devient directeur adjoint de la société Fairchild Industries.
• Décède en 1977 des suites d'un cancer du foie.